Élevage durable : l’agriculture bio apporte des solutions concrètes
Si l’élevage intensif est source de pollutions, responsable de pertes de biodiversité et contribue au changement climatique, il existe heureusement des alternatives pour inverser la tendance.
Les groupements de producteurs membres de FOREBio rassemblent des éleveurs 100% Bio, avec des méthodes de production basées sur les équilibres naturels et le bien-être animal. Vertueuses à plus d’un titre, leurs techniques garantissent une moindre incidence sur l’environnement, une prise en compte globale de la santé et favorisent l’économie des territoires.
Sommaire
Comprendre l’importance d’un élevage durable pour l’agriculture
Depuis la modernisation de l’agriculture mondiale à partir des années 50, le lien entre animal et végétal a été distendu. La polyculture élevage, combinant cultures et activité d’élevage, s’est réduite au profit de la monoculture et de la spécialisation régionale des productions.
Plusieurs conséquences à cela :
- Le cycle de l’azote s’est déconnecté des équilibres naturels et est désormais apporté en majorité par des engrais chimiques.
- De grands territoires spécialisés ont émergé : grandes plaines céréalières, grandes zones d’élevage. Des hectares de forêts et des kilomètres de haies ont ainsi été détruits pour agrandir les parcelles et faciliter la production de cultures fourragères et céréalières à grande échelle
- Selon l’INRAE, les terres agricoles dans le monde sont utilisées à 70 % pour l’élevage. Il est ainsi le premier utilisateur des ressources terrestres de la planète.
La production biologique se base sur les cycles naturels

Les animaux produisent de la matière organique riche en nutriments (azote, phosphore) dans leurs déjections. En se décomposant, celles-ci nourrissent les sols. En retour, les plantes poussent sur des sols fertiles. Ces plantes serviront à l’alimentation humaine et en partie à l’alimentation animale.
De plus, afin de garantir un bon niveau de production en céréales et légumes biologiques (fertilité du sol, lutte contre les adventices, structure du sol,etc.), il peut-être intéressant de diversifier les productions avec des fourrages : prairies temporaires ou luzerne, par exemple. Ces “co-produits” de la production de l’alimentation humaine sont ensuite valorisés par les animaux.
L’agriculture biologique a donc besoin d’élevages pour assurer la fertilité des sols naturellement.
Cela peut se concrétiser à l’échelle d’une ferme : c’est la polyculture-élevage. On peut aussi recréer ces équilibres à l’échelle d’un territoire. Éleveurs et céréaliers vont échanger du fumier, pour les cultures, contre de la paille et des fourrages ou protéines/céréales, pour les animaux.
Les adhérents de FOREBio mettent en œuvre ces équilibres tous les jours dans leurs fermes et sur leurs territoires et apportent ainsi des solutions concrètes aux problèmes actuels.




Définir la notion de durabilité en agriculture biologique
La vision de la durabilité de FOREBio s’inspire des trois piliers qui forment le développement durable. Il est important d’agir à la fois sur les aspects économiques, environnementaux et sociaux, afin de garantir un élevage viable, vivable et équitable.

Les modes d’élevage actuels devraient évoluer vers la prise en compte systématique de leur impact : c’est pourquoi les membres de FOREBio ont choisi de favoriser des systèmes cohérents et durables, dans une approche globale de l’agriculture, sans séparer animal et végétal.
La vision FOREBio de l’élevage répond ainsi aux 3 enjeux majeurs de la durabilité grâce à :
- la réduction de l’empreinte environnementale de l’élevage bio ;
- l’approche globale de la santé et du bien-être animal ;
- la préservation de filières économiques à long terme sur les territoires.
Réduire l’empreinte environnementale grâce à l’élevage bio
L’élevage est responsable de 12% des émissions de gaz à effets de serre à l’échelle mondiale.
En France, la culture de céréales destinées à l’alimentation du bétail est la deuxième source de ces émissions : en cause, l’utilisation massive d’engrais azotés de synthèse pour fertiliser les cultures. En Agriculture Biologique, les engrais azotés de synthèse sont interdits, les éleveurs se tournent donc vers des fertilisants organiques comme les déjections des animaux ou le compost.
Pourquoi les engrais azotés de synthèse sont-ils émetteurs de gaz à effets de serre et participent au changement climatique ?
La production de ces engrais nécessite l’usage d’intrants comme l’ammoniac – produit à partir d’énergies et de gaz fossiles – ou l’acide nitrique. Et les émissions de gaz à effets de serre se poursuivent une fois les fertilisants épandus. Lorsqu’ils en sont pas assimilés par les plantes, ils génèrent des émissions de protoxyde d’azote – un autre gaz à effet de serre.
La déforestation, ou le changement d’usage des sols (prairies permanentes transformées en cultures par exemple) constitue une autre source d’émissions de GES du secteur de l’élevage.
Différentes démarches sont mises en place par les adhérents de FOREBio afin de développer et promouvoir des systèmes d’élevages biologiques respectueux de l’environnement :

Biolait, groupement d’éleveurs laitiers Bio, privilégie les prairies dans l’alimentation des vaches laitières en utilisant les zones de pâturage au maximum : au moins 250 jours au minimum pour tous les éleveurs.
90% de l’alimentation des vaches est produite directement sur la ferme. De plus, grâce à des partenariats entre éleveurs et céréaliers du territoire, 100% de l’alimentation des vaches est d’origine France. Biolait limite ainsi les impacts négatifs des importations.

Chez Bio Direct, groupement d’éleveurs de porcs en agriculture Biologique, les porcs sont élevés en plein air ou dans des bâtiments sur paille (sans caillebotis) avec accès à l’extérieur. Cette pratique permet de diminuer les odeurs et de maîtriser les volumes d’effluents.
Au lieu de produire exclusivement du lisier, le modèle sur litière (paille) permet de générer du fumier. Le lisier mélangé à la paille crée une matière organique moins facilement lessivable, ce qui réduit les pertes de nitrates, à l’origine du phénomène des algues vertes. Il permet par ailleurs de fertiliser les cultures en Bio pour nourrir les animaux.
Par ailleurs, les éleveurs Bio Direct ont fait le choix de se tourner vers un aliment 100% origine France pour l’alimentation des porcs.
Ces pratiques répondent au souci de cohérence, d’autonomie et de résilience des systèmes agricoles. Les paysans de Biolait ou de Biodirect limitent leurs besoins auprès de fournisseurs extérieurs. Ils assurent en même temps l’équilibre agronomique et économique de leur ferme.
Les techniques agroécologiques mises en place par les adhérents de FOREBio contribuent également à la préservation de la qualité de l’eau et à une meilleure santé des sols.
L’absence d’utilisation de pesticides de synthèse dans les cultures et la présence de haies et de prairies dans les fermes Bio favorise une biodiversité plus riche, en diversité d’espèces comme en nombre de populations recensées.
Contribuer à la santé globale grâce à l’élevage Bio
Le concept de santé globale (appelé parfois “One Health”) a été théorisé par l’OMS dans les années 2000 avec la recrudescence de maladies infectieuses. La crise du COVID a mis en lumière la nécessaire prise en compte du lien entre santé des écosystèmes, santé des animaux et santé des humains, et ce, à toutes les échelles géographiques.
La démarche des paysans Bio est similaire : un sol en bonne santé permet de bien nourrir les animaux et les humains. La ferme est considérée comme un écosystème à part entière, où tout n’est qu’interactions et recherche d’équilibres.
Ce principe permet de pratiquer l’anticipation des besoins et la prévention des déséquilibres, au lieu de recourir à des solutions curatives.
Le bien-être animal au cœur des préoccupations des adhérents FOREBio.
Les membres de FOREBio cherchent à se rapprocher le plus possible du comportement naturel des animaux, ce qui implique des élevages extensifs :
- Les animaux ont accès à de grands espaces extérieurs et plus longtemps dans l’année.
- Les animaux ont plus de place lorsqu’ils sont en bâtiment.
- Les éleveurs tissent un lien affectif de proximité avec leurs bêtes.
- Les fermes sont à “taille humaine” : la densité des animaux y est moindre dans l’espace et dans le temps.
- Les productions saisonnières sont privilégiées y compris en élevage
Bretagne Viande Bio propose uniquement à la vente des agneaux dans le respect des cycles naturels et du rythme saisonnier des gestations :
- Reproduction à l’automne,
- Gestation de 5 mois,
- Naissance entre janvier et juillet,
- Engraissement de 5 à 8 mois.

De plus, les éleveurs bio ne recourent pas systématiquement aux antibiotiques. Ils traitent leurs animaux de préférence avec la phytothérapie ou l’homéopathie, ce qui limite l’antibiorésistance.
Cet ensemble de mesures confère aux viandes bio une qualité supérieure. En effet, les animaux nourris à l’herbe donnent des viandes plus riches en omégas 3. Le lait Bio, quant à lui, est plus riche en omégas 3 et 6. Ces éléments favorisent une meilleure santé cardio-vasculaire.
Préserver des filières et l’économie locale à long terme
Maîtrise de filières qui répondent au besoin de sens des éleveurs
Les adhérents de FOREBio assurent eux-mêmes la gouvernance de leurs structures collectives. Les éleveurs maîtrisent, en toute transparence, la destinée commerciale de leurs productions : où vont leurs produits, à qui ils sont vendues et par quels canaux. Ils assurent le pilotage des filières qu’ils ont eux-mêmes créées.
Ainsi, ils décident des orientations de production et de commercialisation :
Biolait représente 25 % de la collecte de lait en France, répartie sur 73 départements.
Ensuite, notre structure vend son lait 100 % Bio sur l’ensemble du territoire français.Valérie Chaillou-Février, administratrice Biolait
La coopérative Le Pré-Vert se charge elle-même du transport des animaux vers les abattoirs de la région. Elle a acquis une flotte de camions conduits par des chauffeurs formés à la manipulation des animaux, pour réduire leur stress lors des déplacements.
Pour l’éleveur, c’est l’assurance d’une tranquillité d’esprit.
Bernard ROBY, président de la coopérative Le Pré Vert
Ces deux exemples montrent le choix des éleveurs de garder des outils économiques sur leurs territoires. Cela favorise la création d’emplois locaux. Les producteurs gagnent aussi un confort de travail et une tranquillité d’esprit, sachant leurs animaux entre de bonnes mains au départ de la ferme.
Le choix des groupements FOREBio de travailler sur des fermes à taille humaine les rend aussi plus facilement transmissibles. Lorsqu’un éleveur part à la retraite, il est soutenu par le collectif. Les groupements ont pour objectif de mieux accompagner les cessions de ferme. Avec des filières organisées implantées dans les territoires, on limite aussi le phénomène de déprise agricole. Dans certains endroits, la vie rurale s’en trouve même dynamisée.
Cet ensemble de facteurs augmente le bien-être des éleveurs au quotidien.
Contrairement à un système plus industriel qui ne donne que peu de voix au chapitre aux paysans, ici, ils sont au cœur du processus de décision. Leur travail sur la production est directement lié aux options de commercialisation qu’ils ont eux-mêmes choisies dans les groupements. Ils savent que l’animal est respecté tout au long de la chaîne. Ils savent aussi qu’ils fournissent des produits de qualité. Leur métier prend alors tout son sens.
Préservation des territoires et entretien des paysages
La polyculture-élevage joue un rôle prépondérant dans l’entretien des paysages. Les ruminants, par exemple, pâturent sur des zones difficiles à cultiver pour nourrir l’homme. Ce sont souvent des sols à faible rendement, des zones de montagne peu accessibles, des zones humides ou sèches.
Non seulement les terres destinées aux animaux n’entrent pas en concurrence avec celles dédiées à l’alimentation humaine. Mais en plus, les animaux entretiennent des paysages difficilement accessibles à des engins mécanisés.
En conclusion, et alors que l’on recommande à la population française de manger moins de viande pour réduire son impact sur la planète, FOREBio précise :
“Mangez plus de viande Bio française !”
Celle qui cherche les équilibres naturels, qui contribue à nourrir la terre, qui n’exploite pas les animaux et fait vivre les éleveurs. L’avenir de l’agriculture passe par la polyculture-élevage Bio, si l’on veut sauver la planète, les animaux et les humains.